* Un courrier glissé sous la porte du manoir de Port Embria *
Seigneur baron,
Je suis le frère Sigurros, moine copiste de notre cité, exerçant depuis mon enfance différentes charges auprès du temple de Kelemvor où j'ai été recueilli. Je souhaite soumettre à votre attention quelques réflexions inspirées par mon expérience passée de moine convers auprès des paysans d'Embria et par ma nouvelle fonction de scribe.
J'ai souvent constaté, en particulier aux alentours du village, que les habitants souffrants attendaient jusqu'à un terme extrême avant de s'adresser à un prêtre de nos temples. De même, certains navires débarquant au port sont parfois porteurs d'étranges afflictions qui causent de grands désagréments. Ainsi serait-il d'un bon secours que de disposer sur nos quais, en dehors des murs, d'un dispensaire permettant à chacun de s'y faire soigner librement et aux nouveaux arrivants de pouvoir y être placés en examen, voire en quarantaine, si besoin est. Les jeunes prêtres de nos temples y seraient avantageusement employés pour s'exercer à leur sacerdoce.
Également, nous croisons un nombre sans cesse croissant de marchands, de voyageurs et d'aventuriers en Port Embria. La Capitainerie face aux quais pourrait aisément se doter d'un bureau des registres, consignant l'identité et la provenance de chaque navire et individu débarquant. Dans un but d'archivage de ces registres et des nombreux écrits dispersés dans nos temples, et parfois oubliés, une petite bibliothèque pourrait voir le jour en Embria pour sortir tous ces ouvrages de la nuit où ils sont plongés.
Enfin, suite à des discussions avec des aventuriers bien connus de notre village, l'idée de constituer une école a été émise. Je ne connais que trop la charge de travail des paysans et des marchands en ces terres pour comprendre que se séparer, même par petits intervalles de temps, de leurs enfants soit une résolution à laquelle ils se soumettront difficilement. Mais mon expérience personnelle me pousse à proposer un projet quelque peu différent dans un premier temps. Même si les orphelins ne sont pas très nombreux et si nos prêtres s'en sont toujours chargés convenablement, l'édification d'un petit orphelinat apporterait quelques avantages profitables à toute la communauté. En premier lieu, il permettrait de rassembler parfois ces enfants d'abandon, en dehors de leur famille adoptive, et ainsi de s'assurer de leur instruction. Ce lieu même pourrait servir à instruire également les autres enfants embriens en permettant aux orphelins plus avancés en âge de les remplacer quelques temps aux champs pour qu'ils apprennent aussi le métier de la terre. C'est sans compter également sur l'esprit de corps qui naitrait de ces groupes d'enfants élevés et intégrés au sein de notre village comme étant de véritables "enfants d'Embria" et qui constitueront de futures forces vives. Si nous laissons les désespoirs solitaires se développer, leur malheur sera mobilisateur et constituera un grand danger.
Selon l'avis de mes frères, il parait très malvenu de traiter de la demande de plusieurs projets simultanés. Mais de ces quatre offices, seul le dispensaire ne semble pas disposer déjà d'un corps de bâtiment pouvant en être le siège et demander ainsi une construction. Pour le reste, je vais appel à votre sagesse pour considérer tout le bien que Port Embria pourra tirer de ces nouveaux lieux, et je reste tout disposé à prendre ma charge quand à la défense de ces idées.
Monastiquement vôtre,
Frère Sigurros