La quiétude de la pension Deville, toute relative en ces temps de guerre, a été fortement troublée hier par des cris et des chocs sourds.
Le petit homme Linzen puis Madame Deville attirés par le tumulte, puis les appels à l'aide, ont découvert dans la chambre du gnome Roddoc ce dernier et Allegra di Manzini baignant dans leur sang, comme mordus par une énorme bête, lui aux côtes, elle à la jambe, la jupe en lambeaux, déchiquetée par les griffes d'un prédateur resté invisible, et Lenda recroquevillée de terreur dans un coin, une large griffure à peine refermée par magie à la jambe.
Après des soins d'urgence ayant sauvé in extremis la vie des blessés, les trois victimes de ce qui, au final, semble ne pas être la dispute prédite entre les deux femmes, ont été ramenés dans leurs chambres respectives pour s'y remettre.
Un transporteur cupide, lui, se trouva fort marri en se présentant peu après à la pension, où il devait récupérer les bagages de la Demoiselle di Manzini pour la conduire à Célestia contre une forte somme : elle ne sera pas en état de voyager avant plusieurs jours, ayant perdu beaucoup de sang juste au moment où elle se relevait de l'empoisonnement des eaux de la ville.
On parle de gobelins géants invisibles montés sur des loups tout aussi géants et invisibles venus attaquer le port, de fantômes des victimes des derniers jours, de croquemitaine, d'un tour de magie du gnome destiné à impressionner les demoiselles et ayant mal tourné.... bref les rumeurs les plus folles circulent sur le port, et peu à peu dans une cité qui n'avait pas besoin de cela en plus de ses malheurs actuels.